En ce début d’année nouvelle, ils sont comme les feuilles en automne. Ils se ramassent à la pelle. Simple formule de politesse ou souhaits sincères, ils s’échangent par toutes voies et se récoltent agréablement : les vœux.
Argent, bonheur, amour, santé, voilà ce que nous souhaitons à nos proches, amis et connaissances sans disposer toujours du pouvoir de matérialiser leurs attentes en ces matières. Nous ne sommes que de simples humains sans aptitudes magiques.
Heureusement !
Imaginez un instant posséder le terrifiant pouvoir de réaliser réellement les vœux de quelqu’un. Etre en quelque sorte, ce génie enfermé dans une bouteille, ce farfadet reconnaissant, cette fée bienveillante disposés à réaliser de un à trois souhaits émis par votre interlocuteur.
Ce don vous parait être une chance pour rendre les autres plus heureux ? Pas si sûr. Il s’agirait plutôt d’une responsabilité bien lourde.
Les contes traditionnels mettant en scène des personnages ayant à choisir leurs vœux sont particulièrement édifiants. Dès qu’un souhait est émis, rien ne va plus !
Parmi toutes les histoires du genre, l’une des plus célèbres est certainement celle de ce couple pauvre qui bénéficie soudainement du choix de trois vœux. La précipitation de la femme souhaitant un bon repas avec du boudin agace le mari qui ne comprend pas que l’on gâche un vœu pour une telle bêtise au lieu de demander de vraies richesses. De colère, l’époux, avec aussi peu de réflexion, souhaite que ce boudin se retrouve au bout du nez de sa femme. Ce qui se produit aussitôt, défigurant ainsi la malheureuse. Il ne reste alors plus qu’un vœu. Il servira à ce que tout redevienne comme avant, laissant le couple aussi pauvre (et affamé) qu’avant.
Ces contes qui parlent de souhaits à réaliser mettent particulièrement en lumière nos travers humains.
Ils soulignent, avec justesse et humour, notre égoïsme, notre naïveté, notre maladresse ou notre obsession du bonheur à travers des biens matériels, bref tous nos aveuglements devant la soudaine possibilité d’un changement.
Qui donc, un jour, nous contera le « spleen » des génies embouteillés et de tous les êtres magiques face aux éternels errements humains ?
Il existe heureusement un très court récit qui sauve d’une déprime définitive :
Un jour, un homme simple sauve la vie d’un génie qui, en récompense, lui offre trois vœux à exaucer. L’homme se met à réfléchir un bon moment et dit finalement :
-Donne-moi s’il te plaît suffisamment de sagesse pour choisir intelligemment les autres vœux.
-Accordé, répond le génie. Et maintenant que désires-tu ?
L’homme, cette fois, réfléchit quelques instant seulement et répond :
-Merci. Je n’ai pas d’autres vœux.
Et vous, que feriez-vous, si un génie ou une fée vous apparaissait et vous invitait à formuler un ou plusieurs souhaits ?
Pour notre part, notre premier vœu serait que cette année nouvelle vous donne la force de réaliser par vous-même vos souhaits sans intervention extérieure, magique ou non.
Le second vœu serait, tout simplement, que les contes, avec leur richesse et leur diversité, continuent à éclairer votre chemin vers plus de sagesse et plus de joie à partager.
Et le troisième, enfin, que notre passion commune pour ces récits, existants depuis la nuit des temps ou à naître demain dans l’imagination des conteurs, continuent à nous réunir le plus souvent possible.
Excellente année 2014 à toutes et tous.
© Racontance 2014